poussières d'étoiles

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"La nuit étoilée". Van Gogh était-il un physicien qui s’ignorait ?

"La nuit étoilée".

 Van Gogh était-il un physicien qui s’ignorait ?

 

 

 

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Depuis que le télescope Hubble nous présente des images époustouflantes (telle celle-ci-contre),  certaines ont étrangement un petit air familier : un nuage de gaz et de poussières stellaires qui nous rappelle un tableau. 

Mais lequel ? 

 

La Nuit étoilée de Van Gogh ! En effet, le ciel agité du peintre est rempli de tourbillons, tout comme le phénomène observé au télescope.

 

Turbulence observée dans les gaz et la poussière interstellaires autour de l'étoile V838 Monocerotis, photo : NASA

 

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Ce dernier s’appelle une turbulence : on en trouve par exemple dans les vortex formés par l’eau ou les nuages. Mais il y a plus qu’une simple ressemblance entre les deux images…

 

Vincent Van Gogh, La Nuit étoilée, 1889, huile sur toile, 73 x 92 cm, Museum of Modern Art, New York 

 

 

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une équipe de physiciens a voulu en avoir le cœur net. Les voilà qui ont mesuré les propriétés des tourbillons de Van Gogh : intensité lumineuse, couleurs, répartition sur la toile…
Ils passent ces données à la moulinette de leurs équations mathématiques et les comparent aux propriétés physiques des tourbillons naturels. À leur grande surprise, cela correspond tout à fait !

 

Arp 273, un couple de galaxies en interaction situées à environ 300 millions d'années-lumière de la Terre, dans la constellation d'Andromède, photo : NASA

 

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Ébahie, l’équipe examine d’autres tableaux. Plusieurs toiles de Van Gogh offrent des résultats similaires… En revanche, les œuvres d’autres artistes, si mouvementées soient-elles, ne donnent rien.

La technique des peintures vibrantes et agitées de Van Gogh est donc unique. Pourtant, l’artiste n’avait aucune idée des lois complexes derrière les turbulences. Elles ont été énoncées bien après sa mort, et les physiciens s’arrachent encore les cheveux dessus !

 

Les surprises ne s’arrêtent pas là : coïncidence ou non, les turbulences presque parfaites de Van Gogh datent de ses épisodes les plus psychologiquement troublés.

 

Vincent Van Gogh, Route avec un cyprès et une étoile, 1890, huile sur toile, 92 x 73 cm, Musée Kröller-Müller, Otterlo

 


La Nuit étoilée, par exemple, est peinte depuis l’asile dans lequel l’artiste décide de se faire interner après de graves crises. Rien de tel dans ses périodes paisibles. Pourquoi ? Le mystère reste entier…

 

Description de l'œuvre :

C’est par une belle nuit étoilée que Vincent Van Gogh a dû peindre ce tableau. En effet, nous pouvons d’abord apercevoir un cyprès se découper devant un petit village pas totalement endormi : l’arbre est large à sa base, mais devient de plus en plus filiforme à mesure qu’il grandit dans le ciel. Un clocher se profile derrière les habitations, accompagné de quelques arbres et d’une imposante colline. Le ciel lui, semble tourmenté par des voluptes de lumière, ou peut-être par le vent, représenté par des vagues pareilles à celles des océans. La lune et onze étoiles sont entourées par des halos de lumière, qui confèrent au tableau une atmosphère mystique.

Malgré les apparences, la composition du tableau est plutôt bien structurée et se découpe en trois parties. Au premier plan, un cyprès se développe sur près de la moitié du tableau. Au deuxième plan se trouve un petit village et se dessine au troisième plan un beau ciel étoilé.

 

La technique utilisée : C’est une peinture à l’huile.

 

Le dessin : Van Gogh a peint ce tableau avec d’épaisses touches, très visibles et plutôt hachées. Nous pouvons supposer que le peintre a construit son tableau sur plusieurs couches de peinture avant le résultat final. Avec cette œuvre il a voulu, comme dans nombre de ces tableaux, exprimer un sentiment à travers les couleurs et le mouvement de ses pinceaux.

 

Les couleurs : Nous pouvons voir que ce tableau est dominé par des nuances de bleus, qui représentent la nuit. Des verts foncés sont exploités pour dessiner les arbres et les maisons. Les seules couleurs chaudes, plutôt jaunes de l’œuvre, ont été peintes en petites touches pour les lumières des fenêtres, les étoiles, la lune et les voluptes du ciel.

 

La lumière : La lumière principale provient de la lune, qui se trouve en haut à droite du tableau. Il n’y a pas vraiment de zones d’ombres puisque le ciel est lui-même illuminé par diverses étoiles et que le village compte encore quelques maisons éclairées, malgré l’heure apparemment tardive.

 

Interprétation de l'œuvre :

Ce tableau a été réalisé dans la période pendant laquelle Van Gogh se trouvait en hôpital psychiatrique  en juin 1889, (il s’était fait interner le 8 mai 89) lorsqu’il se soignait de son état dépressif. Ce paysage, bien qu’il soit parsemé d’étoiles et propice à une atmosphère douce et sereine révèle en réalité un profond sentiment de désarroi. Quelques mois plus tôt, Van Gogh, dont les pensées suicidaires s’intensifaient radicalement, prenait la décision de se faire interner dans un près de ST Rémy de Provence, quittant ainsi Arles pendant un an.

Certain pense que ce paysage représente bien l’esprit suicidaire de ce peintre… en effet, la vision du monde de chaque personne étant différente, celle de Vincent Van Gogh devait être plutôt chaotique, apocalyptique et mouvementée, au vu des touches de peinture qu’il produit sur ce tableau. Il veut transmettre son sentiment de malaise à travers cette œuvre. Je ne sais si ce tableau représente bien l’esprit chaotique de Van Gogh, mais je crois surtout qu’il voyait les choses autrement (mouvement impressionniste), d'où son suicide l'année suivant la création de cette toile.

 

Une sorte de mystère émane de cette peinture, et la nuit renforce encore plus le caractère de celle-ci. D’ailleurs, cette œuvre a remporté un vif succès après la mort de Van Gogh, remportant tous les suffrages.

 

Profondeurs célestes

Van Gogh réalise sa Nuit Étoilée en 1889. La date est importante parce qu’elle s’inscrit dans une période difficile de la vie du peintre. 

 

Sa maladie influe sur son œuvre, comme en témoigne le tumulte de cette nuit mouvementée qu’il aurait peinte depuis sa cellule. Le peintre éprouve un grand intérêt pour les ciels nocturnes. D’ailleurs, ce n’est pas la première fois qu’il observe les astres.

 

À l’automne 1888, il peint la « Nuit étoilée sur le Rhône » dévoilant la douceur d’une nuit, propice à la beauté et à la rêverie.

éxaminons 4 détails à la loupe

 

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1 - Le ciel étoilé

Aussi lumineuse qu’un soleil, la lune est éblouissante. On remarque cependant qu’elle garde cette lumière dans un espace assez restreint. Van Gogh privilégie ici l’aspiration et non la projection de cet éclat nocturne. Le ciel s’anime dans un camaïeu de bleus à la fois grandiose et terrifiant. Voilà qui contraste fortement avec le jaune doré des étoiles et de la lune. Au total, ce sont 11 étoiles qui composent ce ciel saint-rémois. « Certaines étoiles sont citronnées, d’autres ont des feux roses, verts, bleus, myosotis » écrit le peintre à sa sœur.

 

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2 - La spirale infernale

Parmi toutes les arabesques qui composent cette Nuit, Van Gogh a concentré toute la circularité au centre de son tableau. La plus importante des spirales paraît traduire et retranscrire l’apogée de sa pathologie.

Pathologie ou accès de créativité sans précédent ? Car Van Gogh était particulièrement inspiré par l’art japonais et notamment les estampes dans lesquelles on retrouve régulièrement des spirales refermées sur elles-mêmes et des aplats de couleur.

 

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3 - Le cyprès déchaîné

La torpeur s’empare de cet arbre typique du Midi de la France. Les branches se meuvent comme des vagues. Loin de toute quiétude, elles agissent en écho à tout cet environnement torturé et sinueux. Ce cyprès, que l’on apparenterait à des flammes, est un ajout personnel de Van Gogh.

 

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4 - Le petit village

Malgré l’heure supposée tardive, des sources lumineuses apparaissent en provenance des habitations. Derrière les maisons se trouve une église dont le clocher subit les mêmes affres que les autres éléments de la toile. La pointe du clocher semble être aspirée par les volutes célestes. Par-delà le village représentant Saint-Rémy-de-Provence – créé par Van Gogh – se dessinent les Alpilles, massif montagneux qu’il aperçoit depuis sa fenêtre.

 

 

Folie de la nuit étoilée ?

Bien que tous les éléments de cette toile laissent supposer que ce mouvement infatigable serait l’expression du mal être de Van Gogh, nous pourrions l’envisager autrement. À l’image du bleu, symbolisant la force de l’esprit et la sérénité, et du jaune, emblème de la gaieté et de la douce chaleur, cette toile ne serait-elle pas plutôt caractéristique d’une libération pour le peintre ?

 

Il écrit au peintre Émile Bernard : « Mais quand donc ferai-je le Ciel étoilé, ce tableau qui, toujours, me préoccupe ». Au-delà de folie, c’est bel et bien une maîtrise évidente qui émane du tableau. Tout y est calculé, dans les moindres détails.

 

Sa vie :

Vincent Van Gogh, né le 30 mars 1853 à Groot Zundert, dans le Brabant Septentrional, était le fils d'un pasteur protestant. Dès l'enfance, Van Gogh fit preuve d'un tempérament lunatique et agité qui devait, tout au long de sa vie, contrarier ses projets. A partir de 1869, Van Gogh devint commis dans une galerie d'art mais, passionné par la lecture de la Bible, Van Gogh négligea son travail et dut finalement l'abandonner en 1876. Sombres et presque monochromes, ces premières œuvres expriment avec rudesse la pauvreté et la misère des mineurs auxquels il s'attacha avec une ferveur. En 1886, Vincent Van Gogh s'installa à Paris et vécut avec son frère Théo qui dirigeait une petite galerie de tableaux. Il fit rapidement connaissance des jeunes peintres qui animaient les mouvements artistiques les plus innovants. Influencé par l'œuvre des impressionnistes et par celui d'artistes japonais tels Hiroshige et Hokusai, son style évolua sensiblement à cette époque. Les couleurs s'éclaircirent, les touches de pinceau, qui furent apposées suivant une technique plus étudiée, suivaient souvent la forme de l'objet représenté. Dès 1888, il adopta des teintes franches et brillantes, présentes dans les tableaux de ses amis français.

 

En février 1888, il quitta Paris pour le Sud de la France où il peignit des paysages et des scènes de genre de la vie méridionale. L'artiste, installé à Arles, commença à employer des touches courbes, tourbillonnantes et des couleurs pures : le jaune, le vert et le bleu en particulier. Tout phénomène visible, peint ou dessiné par lui, semble être doté d'une vitalité physique et spirituelle. Dans son enthousiasme, Vincent Van Gogh persuada Paul Gauguin, qu'il avait rencontré à Paris, de le rejoindre. Après moins de deux mois de travail commun, leur relation se détériora gravement et s'acheva par une dispute célèbre au cours de laquelle il menaça Gauguin avec un rasoir. La même nuit, il se trancha une oreille. Quelques mois plus tard, il entra de plein gré à l'asile de Saint-Rémy-de-Provence où il peignit avec acharnement. De cette période date un grand nombre de chefs-d'œuvre, dont les Blés jaunes (1889, National Gallery, Londres), la Chambre de Vincent à Arles (1889, Musée d'Orsay, Paris) et la Nuit étoilée (1889, Museum of Modern Art, New York).

 

En mai 1890, l'artiste quitta le Midi et rejoignit son frère Théo à Paris et quelques temps après, le 27 juillet 1890, il se tira un coup de revolver et décéda deux jours plus tard.

 

Vous n'avez plus les pieds sur Terre ? Moi non plus


Sources !

https://www.canal-educatif.fr/videos/art/27/vangogh-art-en-question-1/van-gogh-nuit.html (vidéo de 11’30)

https://www.kazoart.com/blog/loeuvre-loupe-nuit-etoilee-van-gogh/


16/11/2019
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Une place à prendre de JK Rowling

Une place à prendre de JK Rowling

 

D'un côté, Yarvil, coeur de la commune avec son journal, son centre commercial, ses cinémas, ses immeubles, ses cités sociales… de l'autre, le petit bourg de Pagford, niché au pied de l'abbaye, avec ses maisons bourgeoises, ses villas aux jardins bien entretenus, son unique épicerie, son salon de thé, son Conseil paroissial (presque aussi important qu'un gouvernement fédéral)…

Entre les deux, la cité sociale des Champs appartenant à Yarvil mais construite sur des terres de Pagford, usurpées par traitrise selon certains, et Bellchapel, la clinique de désintoxication, sise dans l'église désaffectée.
Administrativement, Pagfrod dépend de Yarvil mais le bourg jouit d'une certaine indépendance dans divers domaines. Howard Mollison, le président du Conseil paroissial, voudrait se débarrasser une bonne fois pour toutes de la tutelle de la cité des Champs et de la clinique, qu'il voit comme deux abcès purulents sur la face lisse de «sa» ville. Il n'a que faire des parias, des parasites et des drogués qui y pullulent et menacent la tranquillité de Pagford !
Le charismatique Barry Fairbrother est son plus grand opposant au Conseil. Mais voilà qu'il décède d'une rupture d'anévrisme et laisse une place vacante. La petite bourgade paradisiaque va alors révéler son vrai visage.

Ce décès va libérer une place autour de la table du Conseil, et deux camps vont s'affronter pour gagner.

D'un côté, nous avons les pro-Fairbrother, se battant pour la conservation du quartier pauvre (Les Champs) et de la clinique de désintoxication (Bellchapel) au sein du giron de la ville. De l'autre, les Anti-Fairbrother qui ne veulent pas que leur ville soit associée à la misère du monde et souhaite que la clinique soit fermée et le quartier défavorisé abandonné à la ville à côté.


Bon, le sujet étant posé, quels sont les protagonistes du livre, notables d'une petite bourgade du sud ouest de l'Angleterre très et trop rapidement présentés. Il m'a fallu au moins deux cents pages pour commencer à les identifier, d'autant que, diminutifs et surnoms viennent corser l'affaire.
Il y a dans ce roman tellement de personnages que l'on ne sait plus trop qui est qui (et le temps de s'en souvenir, on passe à un autre). J'avoue qu'à certains moments j'en arrivais à avoir mal à la tête à essayer de me souvenir qui était machin, avec qui il était marié, qui était ses enfants. Puis, j’y ai renoncé lorsque je me suis aperçue que les personnages sont centrés sur eux-même et n'ont que très peu d'interaction avec les autres.
Le récit, pendant près des 3/4 du livre (sur un total de 679 pages quand même), stagne et n'avance pas...

Par contre, l'action s'accélère aux trois quarts du livre, mais il est trop tard pour que la magie ait opèré sur moi : j’ai eu juste hâte que cela se termine pour passer à autre chose.

Le dernier quart, là ça bouge avec des rebondissements, des volte-face, des non-dits, des malheurs, des secrets dévoilés.


Bon à chaud (et maintenant à froid), je dirais que le livre ne m'a pas emballé.

Il paraît que l'auteur a mis du temps à "animer" ses personnages car elle souhaitait plonger le lecteur dans la même atmosphère que cette ville morne, statique, conservatrice, refusant le changement.

Bon, nous avons en 500 pages la décadence d'une ville et de sa population qui nous est relatée. Une société peinte non pas en rose mais de manière assez crue, abordant des thèmes durs comme la drogue, le viol, la pédophilie, la mal-être de la jeunesse, l'absence de point de repère, l'incompétence des services sociaux…

C'est long, c'est noir et contrairement à ce qu'annonce la quatrième de couverture, pas drôle du tout.


Bon, de suite sachez qu'il m'a fallu 2 longs mois pour le finir (et pourtant je lis vite d'habitude) mais j'ai eu énormément de mal à accrocher et pas mécontente d'avoir enfin tourné la dernière page !
Je m’aime pas abandonné un livre et en le refermant ma première pensée a été : ça y est, c'est fait !

Que de soupirs avant d'en arriver à bout !

La deuxième pensée qui m'est venue à l'esprit était une question : «Qu'est- ce que j'aime trouver dans un roman ?» réponse : le suspens, l'humour, l'émotion, mais encore me sentir pleine de compassion à l'égard des personnages, avoir envie de savoir ce que chacun va devenir, sentir venir la fin de l'histoire…
Tout ce qu'il n'y a pas dans le livre de JK Rolling !

Une des raisons pour lesquelles j’avais accepté de lire ce roman était la quatrième de couverture : tragédie teintée d'humour noir, or je pense qu'il vaut mieux retirer le mot humour pour laisser le mot noir, car ce roman, je l'ai trouvé insipide au tout le long et noir sur la fin.
Les personnages sont pathétiques, les uns stupides, les autres rapaces, pervers, méchants… Je n'ai ressenti de compassion que pour Terri et sa famille qui avaient des circonstances atténuantes. On a vraiment l'impression de séjourner dans un panier de crabes ! Bonjour l'ambiance !
Dans ce roman, ce sont surtout les jeunes qui m'ont émue : des adolescents en crise, certes, mais lucides, jetant un regard sans complaisance sur leurs parents et le monde des adultes en général. Des jeunes trop mûrs car malmenés par la vie ; des jeunes qui ne veulent en rien ressembler à leurs parents mais qui sont déjà tellement meurtris qu'on se demande comment ils pourraient en être autrement.

 

Premier Extraits du livre :

C'est quoi qui compte, Arf ? demanda Fats après un long moment songeur et silencieux.
La tête doucement bercée, Andrew répondit : Le cul.
- Ouais, dit Fats, ravi. Baiser. C'est ça qui compte. Porlon ... Prolonger l'espèce. A bas les capotes. Se reproduire.
- Ouais, dit Andrew en riant.
- Et la mort, dit Fats. Il avait été choqué par ce cercueil, par sa réalité concrète, et choqué de se rendre compte à quel point, entre le cadavre qui se trouvait à l'intérieur et les charognards venus se repaître du spectacle, la frontière était fragile et inconsistante. Il ne regrettait pas d'être parti avant de le voir disparaître dans les entrailles de la terre. Obligé, non ? La mort.
- Ouais, dit Andrew soudain saisi par des visions de guerre, d'accidents de voitures, d'agonies flamboyantes, trépidantes et glorieuses.
- Ouais, dit Fats. Baiser et mourir. C'est ça, non ? Baiser et mourir. C'est ça, la vie.
- Essayer de baiser et essayer de ne pas mourir.
- Ou essayer de mourir, dit Fats. Pour certains. Prendre le risque.
- Ouais. Prendre le risque.
Un nouveau silence. Il faisait frais dans la caverne en fumée.
Et la musique, dit Andrew à voix basse en regardant les volutes bleues s'accrocher à la roche sombre.
- Ouais, dit Fats d'une voix lointaine. Et la musique.
L'eau vive du fleuve continua de s'écouler devant le Pigeonnier.

 

Deuxième extrait :

- Vous avez fait tout le trajet jusqu'à l’hôpital ? demanda Shirley, toujours sur le haut-parleur.
- Non, non, répondit Samantha en pensée, à mi-chemin, vu qu'on commençait à s'emmerder sévère, on a demandé à l'ambulance de s'arrêter pour nous laisser descendre.


31/08/2018
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Les Celtes - Histoire d'un mythe.

Les Celtes - Histoire d'un mythe.

 

L'ouvrage de JL Brunaux se propose d'examiner tout ce qu'on a dit sur les Celtes depuis l'Antiquité (rien que ça) et de voir ce qu'on peut en tirer, sachant que de nos jours, on peut faire dire tout et n'importe quoi à la notion de Celte. Ayant déjà pas mal gratté ce type de sujet sur la construction d'une identité nationale, je trouve que ce livre complète assez bien mes recherches et d'autres ouvrages moins polémiques sur la question.

Un bouquin d'historiographie* donc, qui cite bien ses sources, et où on tape un peu sur tout le monde (et moi j'aime bien quand les auteurs se tapent un peu les uns sur les autres, c'est comme ça). Après une petite mise en contexte appuyée par cette citation de Tolkien:

 

«Les Celtes, quel que soit le sens qu'on leur donne, sont un sac magique, dans lequel on peut mettre ce que l'on veut et d’où l'on peut sortir à peu près n'importe quoi».

 

On entre dans le vif du sujet. Dans un premier temps, JL Brunaux examine ce que les auteurs antiques ont a dire sur les Celtes et les Gaulois. Cinq chapitres qui traitent des sources antiques contemporaines, et de ce qu'on peut en tirer : de la localisation géographique, des noms de populations, de leurs relations avec les Grecs, de la vision que les différents auteurs ont eue des Celtes et Gaulois au cours de l'histoire, etc.

 

Ensuite, on passe un peu sur le Moyen-Age qui ne s'est pas trop intéressé à la question pour revenir à la Renaissance. En gros, c'est à peu près là que les ennuis commencent, puisque «Dès le début de l'époque moderne, les Celtes sont entrés dans l'imaginaire des savants et lettrés qui avaient accès à la littérature antique (...). Les nations occidentales qui n'avaient pas connu une histoire antique propre trouvèrent soudain en eux des ancêtres qui ne paraissaient pas totalement tributaires de Grecs et des Romains, puisqu'ils avaient vécu en même temps que ces brillants voisins, même antérieurement à eux, disait-on».

 

On voit dès lors la recherche sur les Celtes être marquée par la question des origines, avec des conséquences et des orientations qui varient selon les époques. Elle est aussi très tôt marquée par tout un tas de confusions entre Celtes, Galate, Gaulois, Celtoligures, Celtibères, et même Germains.

Un peu plus tard, on voit le développement de l'étude des langues dites celtiques avec la naissance de la théorie indo-européenne en linguistique.

Puis l'apparition au XIXe du panceltisme, «la croyance en l'appartenance à une communauté plus large que la nation, définie par une même origine ethnique et dont la langue et certaines traditions sont censées être la preuve».

 

On arrive à mon époque favorite en la matière, celle de tous les n'importe quoi qui entachent encore les connaissances populaires (l'amalgame mégalithes - druides - légendes arthuriennes - beurre salé).

 

Au XXe siècle on commence à concevoir comme Celtes les territoires du nord-ouest Atlantique de l'Europe (Irlande, Ecosse, Pays de Galles, Cornouailles anglaise et Bretagne), partant du postulat que puisqu'on y parle (ou on a parlé) des langues de famille celtique, il doit bien rester quelque chose.

Les études des textes irlandais médiévaux sont mis en rapport avec les découvertes archéologiques d'époque antiques par des gens comme, disons, Guyonvrac'h, en dépit de toute cohérence dans la méthode.

Enfin, Brunaux nous parle un peu d'archéologie, et de sa capacité à attribuer le dénominatif «celtique» à des choses qui ne le sont pas nécessairement, surtout que les sources historiques ne confirment rien.

 

Bref ? Bref c'est très intéressant, ça remet beaucoup de choses en question, là je vous ai à peine résumé les chapitres. Je ne vais pas vous spoiler la conclusion, ne serait-ce que parce que j'estime que l'ouvrage mérite d'être lu en dehors de cela, notamment parce qu'il souligne fort bien comment le contexte des différentes époques a pu influencer la nature des théories sur les Celtes - et continue de le faire, coucou les identitaires.

 

Pour le coup j'ai apprécié la lecture... même les chapitres sur les auteurs antiques, parce que j'ai un peu tout oublié de mes lectures (au fur et à mesure que je vieillis bien sur) sur le sujet et que du coup j'étais un peu perdue.

J'ai même le sentiment que tout ça aurait pu être vachement plus synthétique plutôt que de s'étaler sur cinq chapitres, mais je me peux me tromper. C'est aussi un peu verbeux, comme prose, autant être prévenu.

En revanche, j'ai été très contente de voir mise en perspective études des civilisations celtiques et théories sur l'idéologie indo-européenne.

Parce que c'est sous cet angle que cela m'a été enseigné, et que j'en étais fatalement un peu restée là, quoi qu’ayant depuis quelques temps des doutes en forme de «mais» :

- «mais... les celtes (civilisation très avancée) sont donc arrivés sur un territoire vierge de toute population ? Et Cro Magnon !!»

- et un autre mais : «Il est très fréquent d'associer les celtes aux mégalithes (menhirs, dolmens...). Cependant, les mégalithes ont été érigés durant la préhistoire (2 MA avant JC), alors que les celtes ont vécu durant l'Antiquité (2700/1200 ans avant JC. - vraisemblablement à la fin de celle-ci).»

J’ai du mal à suivre la chronologie.

Pourtant, ces thèses sans assises historiques vieilles de deux siècles sont c'est toujours valable.

 

En gros, la théorie des langues indo-européennes naît quand on se rend compte que Sanscrit et Persan ont des points communs lexicologiques, morphologiques et syntaxiques avec les langues européennes.

On part alors du postulat qu'il existe une langue-mère (notion purement théorique d'ailleurs)...

Divers trucs en découlent : si le fait qu'il existe des familles de langues est peu contestable, le fait qu'une langue, un peuple homogène, une culture particulière, c'est moins justifiable.

C'est pourtant ce qui a permis de dire : les Gaulois du Ier siècle, c'est carrément la même civilisation celtique** que les irlandais pré-chrétiens.

Je retiens également que tout ce qui touche aux Celtes et Gaulois depuis la Renaissance a été compris et utilisé sous l'angle de la quête des origines (celle des peuplements, de la langue, de la race)

 

J'en tire deux conclusions :

- d'une part il va falloir que je fasse le deuil de tout un paquet de choses que je pensais savoir. Je n'ai aucun doute sur l'honnêteté de l'enseignement que j'ai reçu, mais c'était il y a ……. ans.

C'est d'ailleurs plutôt une question de vocabulaire : mes connaissances (sur les textes irlandais, sur le peuplement de la Bretagne au Haut Moyen-Age, sur les pièces archéologiques que j'aime) ne sont pas perdues, juste c'est «celtique» qui me pose question puisque j’ai enfin trouvé ma réponse à une réflexion sur l'instrumentalisation de la langue et de la culture à des fins commerciales et surtout politiques (avec une Europe des ethnies qui trouve à présent l'appui des tenants du libéralisme).

C'est du côté de l'imaginaire et de la spiritualité-religion que ça pourrait plus coincer, parce que même si j'ai toujours cherché à comprendre d'où tout cela venait, ça n'empêche pas de se créer une mythologie personnelle qui résiste étonnamment bien au lavage.

- D'autre part, c'était le bouquin parfait pour me réveiller le cerveau, j'ai vu passer des tas de noms d'auteurs que je ne connaissais pas, j'ai appris d'où vient ce qu'on m'a enseigné, et pourquoi...

ça m'a confirmé dans mon envie de me remettre en étude dans le domaine.

Je viens de finir mon article d’une centaine de pages sur «mes ancêtres ? gaulois ? Celtes ? Pourquoi pas Troyens ?

Je pense en refaire un autre et prendre deux axes : religion gauloise et des recherches sur des textes sur la mythologie celtique (pourquoi pas), en ayant toujours l’esprit un peu critique.

 

 

*l'historiographie est la discipline qui étudie comment au cours de l'histoire, on a fait l'histoire partiellement parce qu'un de profs qui la dispensait dictait son cours. Déjà que c'est pas forcément passionnant quand ça concerne une période qui t'intéresse pas...

** j’ai regardé les programmes du coup à Rennes 2 dans les années 2000 sur la matière intitulée «civilisation celtique» qui faisait étudier,

- en première année, la Gaule, les textes irlandais médiévaux, les textes gallois, et aussi la naissance du cycle arthurien.

- Et en deuxième année !!!???? Le mouvement breton (éminemment contemporain pourtant) et le cinéma irlandais sous l'angle de la question de l'indépendance.

Cohérence ? Je cherche encore.


26/08/2018
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avant d'aller dormir de Steve Watson

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Quel thriller, mes aïeux !!! ... Je l'ai lu en deux jours ... Une fois commencé, impossible de s'arrêter ! …..

Tous les matins, c’est le même scénario…... catastrophe.

Christine est affectée d’un cas très rare d’amnésie : elle se réveille chaque matin depuis très longtemps en croyant être une jeune femme célibataire ayant la vie devant elle, avant de découvrir qu’elle a en fait 47 ans et qu’elle est mariée depuis vingt ans. Elle se réveille dans le lit d’un inconnu, son époux, ne reconnaît pas son visage vieilli, sans aucun souvenir de la journée de la veille et pour Ben, son mari, la répétition journalière de leur vie commence et recommence.

Ne sachant plus qui elle est, quel est son âge ni qui est l'homme qui dort à ses côtés, ce dernier lui raconte être son mari et s'appeler "Ben" et chaque jour il lui rappelle ses souvenirs et lui fait faire le tour du propriétaire d'une maison où elle ne reconnaît rien.

De plus en plus perdue, confondant songes et réalité, Christine n'arrive plus à être sûre de la différence entre les deux.

Son dernier espoir réside dans son nouveau médecin, Ed Nash neuropsychologue qui intéressé par son cas, prend contact avec elle. Elle accepte de le rencontrer à l'insu de Ben qui est contre une certaine forme d'acharnement thérapeutique. Mais le Dr Nash va considérablement l’aider à gérer son stress et sa mémoire…

Il lui conseille de tenir dans la journée un journal intime afin qu’elle puisse se souvenir de ce qui lui arrive au quotidien et ainsi reconstituer peu à peu son existence. Et tous les matins, il l’appelle pour lui rappeler la cachette du journal intime qu’elle relit consciencieusement.

Là déjà, on commence à se douter qu'il y a anguille sous roche : beaucoup de secrets, de mystères ...

Quand elle commence à constater de curieuses incohérences entre son journal, ce que lui dit son entourage et ses rares souvenirs, Christine est loin de se douter dans quel engrenage elle va basculer.

Très vite elle va devoir remettre en question ses rares certitudes afin de faire la vérité sur son passé… et sur son présent.

Grâce aux notes qu’elle prend dans son journal, elle finit par cerner certaines choses, à retrouver une part de sa mémoire et à avoir des retours de son passé. On va découvrir énormément de choses que ce soit sur elle, sur ses proches ou sur les événements qu’elle a vécu…

Et, très vite, on comprend que ce fameux accident lui ayant fait perdre la mémoire est loin d’être une simple affaire…

Au fil du temps, certains souvenirs ressurgissent et elle réalise que Ben, son mari, lui ment sur beaucoup de points pour ne pas dire sur tous. Elle pense que c'est un menteur mais il lui montre des photos dont celle de leur mariage, divers documents qui attestent ses dires. Il lui raconte aussi qu'elle a une amnésie depuis 22 ans d’une forme particulière suite à un étrange incident sur lequel elle tentera tout au long du livre de lever le voile.

Il s'agit d'une véritable quête d'identité de cette pauvre femme qui peut tout oublier en quelques heures, voire quelques minutes et à laquelle il faut rappeler tout et chaque jour ...

L'héroïne est attachante, on souffre, on cherche, on se bat avec elle pour tenter de découvrir une vérité qui chaque fois se dérobe sous ses pas la laissant dans une voie sans issue. Et, avec elle, on recommence à fouiller, tout en devenant aussi confus qu'elle.

Un thriller déroutant, époustouflant de suspense, palpitant de peurs, brûlant !

C'est assez perturbant et j'ai eu toute une moitié du roman où je ne savais pas à quoi m'attendre.

Le côté "thriller" est assez discret dans une grosse bonne moitié du livre jusqu'à ce que Christine ait le souvenir qui redéclenche tout !

Le gros de ce roman repose dans cette attente, savoir démêler le vrai du faux, savoir ce qu'il s'est vraiment passé, savoir si on peut faire confiance aux autres personnages, savoir si ce que l'on vit à travers le personnage est réel.

Et tout n'est pas si simple : le mari parfait qui vieille sur son amour toujours, la pauvre innocente qui a vécu un accident, tout ça fini par volet en éclat !

J'ai beaucoup aimé redécouvrir les souvenirs de Christine avec elle, on est à la fois tout autant berné qu'elle. Je m'attendais à un dénouement du genre mais pas aussi vicieux... Je dois aussi avouer que l'auteur à réussi à bien me berner sur certaines "vérités" et j'y ai cru, dur comme fer ! Ajouté au fait qu'on est jamais avec les autres personnages, on a accès uniquement aux pensées et au présent de Christine. De fait, on ne peut pas avoir une idée propre à nous même de la confiance qu'on peut accorder aux autres personnages.

C'est d'ailleurs angoissant, on se demande ce qui nous arriverait si on se retrouvait dans cette situation...

Que se passerait-il si vous ne pouviez jamais vous rappeler de la veille ? çà a été une très bonne surprise je dois avouer, les personnages sont bien menés, l'histoire avance sur un rythme assez bon passé les premiers ajustements pour le lecteur.

L’adaptation au cinéma avec en tête d'affiche Colin Firth, Nicole Kidman et Mark Strong est également assez réussie et tout aussi angoissante.

Assurément, un excellent thriller .


24/03/2018
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"seul sur Mars", Mark Watney, le Mac Gyver de l'espace (modifié)

Mark Watney, le Mac Gyver de l'espace

 

 

L'histoire : le point fort du livre

Dans un futur proche, une équipe d'astronautes d'Arès 3 est en mission pour deux mois sur Mars. La mission est écourtée au bout de 6 jours pour cause de tempête de sable. Au moment de partir en urgence, suite à une collision avec une antenne (c'est pointu une antenne), l'un des astronautes est laissé pour mort pendant que les autres se carapatent en urgence, regagnent leur navette et repartent vers la Terre. Ce type, c'est Mark Watney et il est bel et bien vivant, abandonné seul sur Mars, le froid martien ayant coagulé son sang et refermé le trou dans son équipement.

 

Il va devoir affronter seul le plus grand défi du système solaire : survivre dans un environnement super-hostile avec des ressources limitées et sans aucun moyen de communiquer avec la Terre. Heureusement, Mark a plusieurs cordes à son violon : en plus d'être astronaute, il est aussi botaniste et ingénieur en mécanique. Ces compétences l'aideront dans sa lutte pour la survie.

La suite est une course contre la montre, une série hallucinante d'épreuves remportées grâce à une ingéniosité sans pareil, une détermination sans faille, et 6 milliards d'humains solidaires, réunis autour d'un objectif suprême : sauver le cosmonaute Watney.

 

Malgré les écueils narratifs et les détails de chimie toutes les 10 pages (voir quelques lignes ci-dessous), l'histoire quand même passionnante et j'ai eu du mal à poser le bouquin.

En revanche, je le déconseille à ceux qui n'ont pas vraiment aucun intérêt pour les missions spatiales, ainsi qu'aux amateurs de littérature : chaque page vous fera l'effet d'un cachet effervescent coincé dans la muqueuse nasale.

 

Mon idée est d'obtenir six cents litres d'eau - grâce à l'hydrogène issu de l'hydrazine. Ce qui signifie que j'ai besoin de trois cents litres d'O2 liquide. Je peux créer de l'O2 assez facilement. En vingt-quatre heures, l'usine à carburant du VAM remplit un réservoir de dix litres de CO2. L'oxygénateur transformera ce CO2 en O2 ; le régulateur atmosphérique de l'Habitat, constatant une concentration en oxygène trop importante, le stockera dans les réservoirs principaux. Une fois ceux-ci pleins, je devrai transférer l'O2 dans les réservoirs des rovers, voire des combinaisons si c'est nécessaire. Toutefois, le processus est lent. Au rythme d'un demi-litre par heure, il me faudra vingt-cinq jours pour produire tout l'oxygène dont j'ai besoin.

 

Et cet extrait n'est que sur la page 40 (sur 408). Si vous dépassez ces premères pages, vous vous prenez au jeu, vous comptez anxieusement les calories, les décilitres d'eau et les livres de caca, mais ensuite vous vous lassez vite, et vous finissez par faire confiance à Mark : ce mec sait compter, ça ne fait pas de doute.

 

Le super-héros américain

On sait peu de choses sur Mark Watney, si ce n'est qu'il est super intelligent, botaniste. Et il n'a pas l'air très marrant : en cas de vrai coup dur, il pleure 30 secondes, recycle ses larmes pour les boire le lendemain, alors que n'importe quel être humain aurait connu une phase de deuil de 48h suivi d'une ingestion suicidaire de piles à l’uranium. Mais Mark se comporte comme un être insensible. Certes il s'énerve et désespère de temps à autres, mais façon tellement prévisible et brève.

C'est sur, les candidats-astronautes sont triés sur le volet, notamment sur des critères psychologiques : peut-être Mark est-il chiant parce qu'il a moins de chance de péter un câble ? On pourrait s'attendre à ce qu'il souffre un tout petit peu de son isolement extrême : il pourrait avoir du mal à dormir, commencer à avoir des hallucinations, souffrir de son abstinence sexuelle, perdre peu à peu la raison ou se fabriquer un ami imaginaire avec un ballon de Volley.

 

Souvenez-vous dans le film «Seul au monde»

 

 

Alors, qu'il est complètement seul sur son île déserte, Chuck Noland (Tom Hanks), agent de la société FedEx, tente de survivre avec les quelques colis que contenait l'avion de la société de transport à bord duquel il se trouvait au moment du crash. Malheureusement pour lui, il n'y a ni nourriture, ni téléphone... Juste quelques objets envoyés à travers le monde par les clients de FedEx. Dans l'un des paquets, le personnage trouve un ballon et c'est alors purement par hasard que Chuck Noland va alors décider de le personnifier pour en faire un objet de compagnie. Plus précisément, un véritable ami imaginaire, qu'il va nommer Wilson, avec lequel le seul survivant du crash va communiquer durant les quelques années qu'il va passer sur son île. Et j'ai été déchirée par la scène sur le radeau, lorsqu'il arrive à quitter l'endroit qui l'aura accueilli pendant ces infructueuses années, où Wilson tombe en plein milieu de l'océan. Malgré tous ces efforts, Chuck Noland ne parvient pas à le sauver. "Je suis désolé Wilson", crie-t-il désespéré. Cette scène peut paraitre absurde, elle montre comment l'homme peut parfois s'attacher à des choses irréelles pour survivre.

 

Le style du livre « seul sur Mars »

Revenons vers Mark Watney

Même si c'est un rebelle, qui dit fuck you (allez vous faire foutre) à la NASA, qui dit plein d'autres gros mots, il reste très politiquement correct.

L'histoire est écrite en mode "Journal de bord", parfois à la limite du style télégraphique. C'est Mark qui raconte, et forcément, il écrit comme il parle : "Putain de merde ! Il faut vite extraire cet O2 de l’atmosphère de l'Habitat !" C'est très efficace : on est plongé directement dans l'action, il n'y a pratiquement pas de temps mort. Les péripéties s'enchainent à un rythme effréné et on a du mal à poser le bouquin. Rien à redire de ce côté là. Mais c'est aussi un livre très froid et assez aride. Il y a plus d'eau liquide sur Mars (et n'oubliez pas qu'il n'y en a pas) que de poésie dans ce bouquin (c'est-à-dire zéro).

Les seules descriptions du livre sont techniques : vous saurez combien de temps dure un cycle du recycleur d'eau ou quelles parties du rover peuvent être utilisées pour fabriquer un toaster solaire : 100% technique et 0% littéraire.

 

Pour bien nous faire comprendre que l'histoire est hyper bien documentée et super-réaliste, l'auteur passe son temps à poser des calculs détaillés mais quand même sans grand intérêt pour le déroulement de l'intrigue. Et le procédé est répété des dizaines de fois, de manière quelquefois fastidieuse.

Quelques exemples :

  • J'ai besoin de mille cinq cents calories par jour et je dispose de quatre cents jours de nourriture pour commencer. Combien de calories dois-je donc produire par jour pendant cette période afin de tenir mille quatre cent vingt-cinq jours ?

  • Bon, j'ai à ma disposition 52 pommes de terre et une boite d'allumettes, vous vous souvenez ? Putain de merde, si je plante quatre allumettes dans chaque putain de pomme de terre, je peux faire semblant d'avoir un putain d'élevage de moutons martiens.

 

Bon, si j'ai beaucoup apprécié le livre et loué ses efforts de documentation, par moment j'ai tiqué un peu et encore, je ne suis pas une scientifique, seulement un peu avertie.

 

En conclusion

Dans le livre comme dans le film, Mark Watney trouve toujours une solution parce qu'il pense que la science résout tous les problèmes.

L’idée que la technique résoudra tous les problèmes posés par la technique date des années 50/70.

Le dérèglement climatique et l’absence de solutions scientifiques pour y remédier a un brin changé la donne.

 

L’écrivain Andy Weir pense que la colonisation de Mars est inéluctable, ne serait-ce que pour sauver l’humanité coincée dans son berceau.

Pour Sylvestre Maurice (astronome), c’est une utopie. De même, la découverte d’exoplanètes toutes neuves et de type terrestre ne sauvera pas l’humanité. Sur ce point, l’astronome explique que nous n’irons jamais sur aucune exoplanète terrestre, car elles sont beaucoup trop loin pour nous. « Il n’y a qu’une seule planète pour l’humanité », sourit l’astronome. Coup de chance, elle est beaucoup plus accueillante, joyeuse, belle et diverse que Mars. Et sous nos pieds.


23/05/2016
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