poussières d'étoiles

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"seul sur Mars", Mark Watney, le Mac Gyver de l'espace (modifié)

Mark Watney, le Mac Gyver de l'espace

 

 

L'histoire : le point fort du livre

Dans un futur proche, une équipe d'astronautes d'Arès 3 est en mission pour deux mois sur Mars. La mission est écourtée au bout de 6 jours pour cause de tempête de sable. Au moment de partir en urgence, suite à une collision avec une antenne (c'est pointu une antenne), l'un des astronautes est laissé pour mort pendant que les autres se carapatent en urgence, regagnent leur navette et repartent vers la Terre. Ce type, c'est Mark Watney et il est bel et bien vivant, abandonné seul sur Mars, le froid martien ayant coagulé son sang et refermé le trou dans son équipement.

 

Il va devoir affronter seul le plus grand défi du système solaire : survivre dans un environnement super-hostile avec des ressources limitées et sans aucun moyen de communiquer avec la Terre. Heureusement, Mark a plusieurs cordes à son violon : en plus d'être astronaute, il est aussi botaniste et ingénieur en mécanique. Ces compétences l'aideront dans sa lutte pour la survie.

La suite est une course contre la montre, une série hallucinante d'épreuves remportées grâce à une ingéniosité sans pareil, une détermination sans faille, et 6 milliards d'humains solidaires, réunis autour d'un objectif suprême : sauver le cosmonaute Watney.

 

Malgré les écueils narratifs et les détails de chimie toutes les 10 pages (voir quelques lignes ci-dessous), l'histoire quand même passionnante et j'ai eu du mal à poser le bouquin.

En revanche, je le déconseille à ceux qui n'ont pas vraiment aucun intérêt pour les missions spatiales, ainsi qu'aux amateurs de littérature : chaque page vous fera l'effet d'un cachet effervescent coincé dans la muqueuse nasale.

 

Mon idée est d'obtenir six cents litres d'eau - grâce à l'hydrogène issu de l'hydrazine. Ce qui signifie que j'ai besoin de trois cents litres d'O2 liquide. Je peux créer de l'O2 assez facilement. En vingt-quatre heures, l'usine à carburant du VAM remplit un réservoir de dix litres de CO2. L'oxygénateur transformera ce CO2 en O2 ; le régulateur atmosphérique de l'Habitat, constatant une concentration en oxygène trop importante, le stockera dans les réservoirs principaux. Une fois ceux-ci pleins, je devrai transférer l'O2 dans les réservoirs des rovers, voire des combinaisons si c'est nécessaire. Toutefois, le processus est lent. Au rythme d'un demi-litre par heure, il me faudra vingt-cinq jours pour produire tout l'oxygène dont j'ai besoin.

 

Et cet extrait n'est que sur la page 40 (sur 408). Si vous dépassez ces premères pages, vous vous prenez au jeu, vous comptez anxieusement les calories, les décilitres d'eau et les livres de caca, mais ensuite vous vous lassez vite, et vous finissez par faire confiance à Mark : ce mec sait compter, ça ne fait pas de doute.

 

Le super-héros américain

On sait peu de choses sur Mark Watney, si ce n'est qu'il est super intelligent, botaniste. Et il n'a pas l'air très marrant : en cas de vrai coup dur, il pleure 30 secondes, recycle ses larmes pour les boire le lendemain, alors que n'importe quel être humain aurait connu une phase de deuil de 48h suivi d'une ingestion suicidaire de piles à l’uranium. Mais Mark se comporte comme un être insensible. Certes il s'énerve et désespère de temps à autres, mais façon tellement prévisible et brève.

C'est sur, les candidats-astronautes sont triés sur le volet, notamment sur des critères psychologiques : peut-être Mark est-il chiant parce qu'il a moins de chance de péter un câble ? On pourrait s'attendre à ce qu'il souffre un tout petit peu de son isolement extrême : il pourrait avoir du mal à dormir, commencer à avoir des hallucinations, souffrir de son abstinence sexuelle, perdre peu à peu la raison ou se fabriquer un ami imaginaire avec un ballon de Volley.

 

Souvenez-vous dans le film «Seul au monde»

 

 

Alors, qu'il est complètement seul sur son île déserte, Chuck Noland (Tom Hanks), agent de la société FedEx, tente de survivre avec les quelques colis que contenait l'avion de la société de transport à bord duquel il se trouvait au moment du crash. Malheureusement pour lui, il n'y a ni nourriture, ni téléphone... Juste quelques objets envoyés à travers le monde par les clients de FedEx. Dans l'un des paquets, le personnage trouve un ballon et c'est alors purement par hasard que Chuck Noland va alors décider de le personnifier pour en faire un objet de compagnie. Plus précisément, un véritable ami imaginaire, qu'il va nommer Wilson, avec lequel le seul survivant du crash va communiquer durant les quelques années qu'il va passer sur son île. Et j'ai été déchirée par la scène sur le radeau, lorsqu'il arrive à quitter l'endroit qui l'aura accueilli pendant ces infructueuses années, où Wilson tombe en plein milieu de l'océan. Malgré tous ces efforts, Chuck Noland ne parvient pas à le sauver. "Je suis désolé Wilson", crie-t-il désespéré. Cette scène peut paraitre absurde, elle montre comment l'homme peut parfois s'attacher à des choses irréelles pour survivre.

 

Le style du livre « seul sur Mars »

Revenons vers Mark Watney

Même si c'est un rebelle, qui dit fuck you (allez vous faire foutre) à la NASA, qui dit plein d'autres gros mots, il reste très politiquement correct.

L'histoire est écrite en mode "Journal de bord", parfois à la limite du style télégraphique. C'est Mark qui raconte, et forcément, il écrit comme il parle : "Putain de merde ! Il faut vite extraire cet O2 de l’atmosphère de l'Habitat !" C'est très efficace : on est plongé directement dans l'action, il n'y a pratiquement pas de temps mort. Les péripéties s'enchainent à un rythme effréné et on a du mal à poser le bouquin. Rien à redire de ce côté là. Mais c'est aussi un livre très froid et assez aride. Il y a plus d'eau liquide sur Mars (et n'oubliez pas qu'il n'y en a pas) que de poésie dans ce bouquin (c'est-à-dire zéro).

Les seules descriptions du livre sont techniques : vous saurez combien de temps dure un cycle du recycleur d'eau ou quelles parties du rover peuvent être utilisées pour fabriquer un toaster solaire : 100% technique et 0% littéraire.

 

Pour bien nous faire comprendre que l'histoire est hyper bien documentée et super-réaliste, l'auteur passe son temps à poser des calculs détaillés mais quand même sans grand intérêt pour le déroulement de l'intrigue. Et le procédé est répété des dizaines de fois, de manière quelquefois fastidieuse.

Quelques exemples :

  • J'ai besoin de mille cinq cents calories par jour et je dispose de quatre cents jours de nourriture pour commencer. Combien de calories dois-je donc produire par jour pendant cette période afin de tenir mille quatre cent vingt-cinq jours ?

  • Bon, j'ai à ma disposition 52 pommes de terre et une boite d'allumettes, vous vous souvenez ? Putain de merde, si je plante quatre allumettes dans chaque putain de pomme de terre, je peux faire semblant d'avoir un putain d'élevage de moutons martiens.

 

Bon, si j'ai beaucoup apprécié le livre et loué ses efforts de documentation, par moment j'ai tiqué un peu et encore, je ne suis pas une scientifique, seulement un peu avertie.

 

En conclusion

Dans le livre comme dans le film, Mark Watney trouve toujours une solution parce qu'il pense que la science résout tous les problèmes.

L’idée que la technique résoudra tous les problèmes posés par la technique date des années 50/70.

Le dérèglement climatique et l’absence de solutions scientifiques pour y remédier a un brin changé la donne.

 

L’écrivain Andy Weir pense que la colonisation de Mars est inéluctable, ne serait-ce que pour sauver l’humanité coincée dans son berceau.

Pour Sylvestre Maurice (astronome), c’est une utopie. De même, la découverte d’exoplanètes toutes neuves et de type terrestre ne sauvera pas l’humanité. Sur ce point, l’astronome explique que nous n’irons jamais sur aucune exoplanète terrestre, car elles sont beaucoup trop loin pour nous. « Il n’y a qu’une seule planète pour l’humanité », sourit l’astronome. Coup de chance, elle est beaucoup plus accueillante, joyeuse, belle et diverse que Mars. Et sous nos pieds.



23/05/2016
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