Une nuit porte-bonheur : les Perséïdes

Comme en un temps serein brille un éclair fugace,

étincelle qui va courant de place en place.

Le regard incertain suit le mobile de feu.

On dirait à le voir une étoile en voyage,

n'était qu'au point du Ciel d'où part ce feu volage,

nulle étoile ne manque, et que lui dure peu.

DANTE, la divine comédie, le paradis, chant XV.

Traduction de L. Ratisbonne

Comme chaque année à la même période entre le 17 juillet et le 24 août, « les Perséides » sont de retour.

Pour la plupart d'entre nous, elles sont synonymes de vacances et de belles nuits d'été passées à la belle étoile (filante, bien sûr) et sont connues pour certains grâce « aux nuits des étoiles » organisées par des médias.

Depuis 1866, grâce à l'astronome italien Giovanni Virginio Schiaparelli, nous savons que l'essaim des Perséides est du au passage de la comète 109P/Swift-Tuttle à proximité du Soleil.

Comme beaucoup d’essaims, le taux horaire diminuait au fur et à mesure que les années passaient, pour reprendre une nette amélioration après le passage de la comète. Au début du siècle dernier, le taux horaire était d’une moyenne de 50. Lorsque la comète repassa au voisinage de la Terre en 1992, le taux horaire fut de plus de 250.

Cette comète, découverte en 1862, a une périodicité de 130 ans. On pense d'ailleurs qu'elle a été observée à plusieurs reprises beaucoup plus tôt (peut-être même en l'an 68 et en l'an 188 par les astronomes chinois). Les passages de la comète ont engendré un nuage de débris cométaires que la Terre traverse( et non l'inverse) chaque année entre le 17 juillet et le 24 août. La plupart de ces débris ont la taille d'un grain de poussière, mais cela est suffisant pour fendre le ciel d'une magnifique traînée. Cette traînée est due à la vitesse élevée des débris (59 km.s^-1 en moyenne dans le cas des Perséides, ce qui fait 212 400 km.h^-1!)

En pénétrant dans l’atmosphère, leur température s’élève à 2000°C et ils se consument, produisant les traînées lumineuses. Les Perséides s’illuminent vers 115 km d’altitude pour s’éteindre vers 90 km en moyenne. Chaque année, ce sont au total 100 000 tonnes de poussières qui brûlent ainsi dans l’atmosphère.

Les météores d'un même essaim paraissent venir d'un même point de la sphère céleste. Ce point est appelé radiant. Sa position varie au fil des jours. Le nom de la constellation dans laquelle il se situe donne son nom à l'essaim météoritique. Ainsi, l'essaim des perséides doit son nom à la constellation de Persée car autour du maximum de l'essaim les étoiles filantes semblent émaner d'un point situé dans la constellation de Persée. Cependant d'autres météores n'ont pas de directions privilégiées, on parle alors de météores sporadiques.

Ainsi, vous savez maintenant que notre Soleil est une étoile mais que les étoiles filantes n'en sont pas. Elle ne sont que poussières.

Même si les Perséides semblent venir de la constellation de Persée, elles peuvent en être très éloignées, à l'image de celle ci-contre photographiée en août 2010 dans le Périgord au cours d'une nuit des étoiles organisée par le club d'astronomie de Thiviers. On l'aperçoit qui longe la voie lactée avant de plonger sur la constellation du Sagittaire.

De nos jours le maximum de l'essaim a plutôt lieu autour du 12 août, mais les âmes romantiques les appelleront également "larmes de Saint-Laurent", en souvenir du martyr et de la disparition du saint, le 10 août 258.

Voici l'histoire de Saint Laurent (210 - 258)

Il est né en Espagne vers l'an 210 et fut le premier des sept diacres de Rome. Il avait pour charge d'assister le Souverain Pontife dans la célébration des offices divins et de s'occuper de l'administration des biens de l'Eglise pour en redistribuer les revenus aux pauvres.

En 258, le Préfet de Rome voulut s'emparer des richesses de l'Eglise pour permettre à l'Empereur de payer ses troupes. Il les réclama à Laurent qui demanda et obtint un délai pendant lequel il les distribua aux pauvres. Mais le Préfet, renouvelant ses injonctions, Laurent lui présenta une troupe d'aveugles, de boiteux et d'estropiés en lui disant qu'ils étaient la richesse de l'Église. Le Préfet le fit fouetter et placer sur un grill jusqu'à ce que mort s'en suive. Ses restes reposent à Rome dans la basilique Saint-Laurent.

Saint-Laurent est connu par deux expressions du langage courant:

« être sur le gril » dans le sens anxieux, impatient,

« les larmes de Saint-Laurent », ces étoiles filantes des nuits d'août qui paraissent des gouttes de lumière tombant du ciel.

Sa fête est célébrée le 10 août, date présumée de sa mort. Il est considéré comme le saint protecteur des pauvres.

On pourrait peut-être le renommer  "Larmes de Sainte Clarisse ou Claire" (abbesse portant plusieurs noms) également protectrice  des pauvres et  fêtée le 12 août, mais ça ne se fait pas de faire pleurer une femme.

Si les Perséides furent l'un des essaims les plus spectaculaires des années 90, c'était dû au dernier passage au plus près du Soleil (périhélie) de la comète dont il est originaire. Cependant cette dernière s'éloigne maintenant un peu plus tous les jours vers les confins du système solaire, et donc malheureusement pour nous la probabilité d'avoir un sursaut d'activité diminue en proportion. Il en résulte que la mouture 2016 devrait être sans surprises, et l'on attend un taux horaire moyen (ou ZHR pour Zenithal Hourly Rate) de 100. Cependant cela ne veut pas dire que vous verrez 100 Perséides par heure car le ZHR représente le nombre d'étoiles filantes que pourrait voir en une heure un observateur idéalement placé sous un ciel d'un noir parfait et sous un radiant se situant au zénith. ouf !!!

Or à moins que vous n'observiez d'une latitude beaucoup plus septentrionale que celle de la France, le radiant ne sera pas au zénith.

En 2016, selon l'International Meteor Organization, le maximum de l'essaim aurait probablement lieu les nuits des 11 et  12, dans une fourchette horaire comprise entre 8 et 20h (TU, donc il faut ajouter 2 heures). Cependant en dehors de ce pic principal d'activité, des pics secondaires pourraient être observés comme ce fut le cas en 2007 avant le pic principal, ou encore en 2008 après le pic principal et pratiquement jusqu'au 24 août. Ainsi, cette année, il se pourrait que l'orbite de la Terre traverse une partie du flux de débris cométaire qui auraient été rapprochés de nous grace à l'influence gravitationnelle de Jupiter, ce qui pourrait augmenter le ZHR de 100 à 150-160. En revanche, la Lune, avec un Premier Quartier prévu le 10 août, sera plus génante que l'année dernière pour l'observation du ciel.

Pour observer, pas besoin de télescope, ni même d´une paire de jumelles. Il vous suffit simplement de vous allonger sur une chaise longue, et éventuellement de regarder plutôt en direction de la constellation dePersée et de son double amas si vous souhaitez en voir un maximum. Evitez la lumière car la pupille de vos yeux met 15 à 20 minutes pour se dilater complètement et donc vous empêche momentanément d'en profiter au maximum. En août les nuits commencent à être un peu plus fraîches donc pour se réchauffer une couverture et un café sont toujours appréciables (ou un petit alcool de prune selon affinité, mais contrairement au café ça fait aussi dormir!)

Astuce : les météores peuvent également être détectés à l'aide d'une radio FM. En effet, en pénétrant dans l'atmosphère terrestre, le météore crée derrière lui une ionisation locale, qui à la propriété de réfléchir les ondes électromagnétiques du spectre radio. (Il parait que ce principe est mis à profit par les militaires pour accroître la portée de leurs communications radio mais je ne vous ai rien dit. D'ailleurs je ne sais rien.) Le moyen le plus simple "d'entendre" cet écho radio est de rechercher une fréquence de la bande FM (88-108MHz) où habituellement aucune radio ne diffuse, ou à la limite d'audibilité d'une station de radio. Le passage d'un météore engendrera la diffusion d'un signal radio sporadique là où il n'y avait qu'un bruit de fond. Cependant, la majorité des échos sont très difficilement discernables car très rapides et presque noyés dans le bruit de fond. Bon, OK, c'est moins joli à entendre qu'à voir, mais l'un n'empêche pas l'autre et, à la limite, s'il y a une grosse étoile filante ça peut peut-être vous réveiller à temps !

Mais je ne connais pas le ciel, de quel côté les verrais-je ?

Vers le nord-est se trouve la constellation de Persée et le 12, le radiant sera principalement entre la constellation de Cassiopée et celle de Persée.

Une veillée nocturne à chasser les étoiles filantes demande un minimum d'organisation.

En effet, il faut se préparer à passer plusieurs heures dehors, en résistant à l'appel de la chaleur et du confort de la couette...
Premier ennemi : le froid. Même en été, les nuits peuvent être fraîches, c'est pourquoi il vaut mieux prévoir un bon habillement. Il n'est pas nécessaire de s'emmitoufler comme une momie, un seul bon anorak bien isolant pouvant faire l'affaire.

Deuxième ennemi : le sommeil. Il faut apprendre à gérer sa fatigue et sa récupération.
Dans tous les cas, il est beaucoup plus sympathique de sortir observer à plusieurs. Vous pouvez grandement améliorer l'ambiance en prévoyant une pause « boissons chaudes - petits gâteaux » en milieu de nuit. Le confort d'installation sera maximum avec un bon relax, ou un matelas de camping en mousse (attention par nuit ventée, ces matelas ont la fâcheuse tendance à vouloir s'envoler à tout prix... Vous pouvez également vous enfourner dans un bon sac de couchage (mais attention au contraste de température en sortant !). Préférez évidemment un site aux horizons dégagés (surtout côté sud), et le plus à l'écart possible des éclairages urbains. Enfin, orientez-vous selon la position du radiant, en cherchant toujours à couvrir la plus grande partie du ciel possible.

Si vous comptez établir des statistiques, le meilleur moyen semble emporter un petit magnétophone, et d'enregistrer vos commentaires (heure, origine, longueur, magnitude, couleur...) Vous n'aurez ainsi pas besoin d'allumer de lumière, et vous ne perdrez pas des yeux la voûte étoilée et

n'oubliez pas votre liste de voeux.

En partie, source : http://clubregulus.free.fr/perseides.html