poussières d'étoiles

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À voir dans le ciel de février

À voir dans le ciel de février

 

Vénus brille intensément dans le ciel du soir et la constellation d’Orion est diminuée par l’éclat inhabituellement faible de son étoile principale Bételgeuse.

Voilà le ciel hivernal tel qu’on le perçoit à l’œil nu depuis un site suffisamment protégé de la pollution lumineuse. La seule couleur est celle d’une lampe rouge qui éclaire faiblement la façade de l’observatoire astronomique des Pises (parc national des Cévennes), mais le ciel apparaît en noir et blanc avec notre vision nocturne. Seules les étoiles les plus éclatantes montrent une légère coloration : bleutée pour Rigel, orangée pour Bételgeuse et Aldébaran. Sirius du Grand Chien est l’étoile la plus lumineuse du ciel, mais, en général, l’éclat orangé puissant de Bételgeuse attire le regard. Elle devrait être trois fois plus brillante que sa voisine Bellatrix alors que sur cette image prise début janvier elle la dépasse à peine. Cette pâleur inhabituelle de Bételgeuse donne à Orion un aspect maladif très troublant quand on a l’habitude d’observer cette grande constellation.
© Guillaume Cannat

Même avec les nombreux passages nuageux de cet hiver perturbé, il est facile de repérer Vénus dans le ciel du soir. Son éclat apparaît à plus de 30° de hauteur au-dessus de l’horizon sud-ouest dès le coucher du Soleil et il semble monter en puissance alors que le ciel s’assombrit. Une heure après la fin du jour, Vénus est un véritable phare céleste et sa brillance augmentera durant tout le mois de février et une bonne partie du mois de mars. La deuxième planète du Système solaire nous accompagne jusqu’au milieu de la soirée et si vous pouvez l’observer dans un ciel limpide jusqu’à son coucher, vous remarquerez que la turbulence atmosphérique la fait scintiller vivement au ras de l’horizon et que son éclat se colore en rouge orangé, exactement comme celui du soleil couchant. Avec des jumelles ou une lunette, il est même parfois possible d’admirer le rayon vert de Vénus lorsque cette planète glisse derrière un horizon lointain.

Un éclat puissant c’est en revanche ce dont manque Bételgeuse d’Orion depuis quelques semaines. Elle qui pointe habituellement au dixième rang sur la liste des étoiles les plus brillantes de la sphère céleste se situe actuellement au-delà de la 25e position ! Les astronomes savent depuis longtemps que Bételgeuse est une étoile variable, mais sa baisse de luminosité actuelle est la plus forte depuis plusieurs décennies et il n’y a pas encore d’explication satisfaisante sur la cause de ce minimum particulièrement bas. Sur l’image qui ouvre ce billet et que j’ai prise début janvier, Bételgeuse était encore un peu plus brillante que Bellatrix, alors qu’en temps normal elle est trois fois plus éclatante, mais les mesures faites fin janvier montrent que les deux astres sont à présent pratiquement du même éclat. Pour les observateurs réguliers de la plus belle constellation du ciel d’hiver la pâleur de Bételgeuse est vraiment troublante. Histoire à suivre…

 

Quelques rendez-vous célestes à ne pas manquer
Le mardi 18 février à l’orée de l’aube, soit près d’une heure et demie avant le lever du Soleil, le croissant lunaire est magnifique à moins de 4° de Mars, c’est-à-dire un peu moins que la longueur de votre pouce bras tendu. Vous pouvez apprécier la beauté discrète de la lumière cendrée qui provient du reflet de l’éclat solaire sur notre planète et qui fait luire la portion nocturne du disque sélène. Depuis sa rencontre lunaire du mois dernier, Mars s’est déplacée d’une vingtaine de degrés vers l’est de l’écliptique (Lexique). Elle a traversé le sud d’Ophiuchus, est entrée dans le Sagittaire et s’est éloignée d’Antarès, l’étoile principale du Scorpion, qui brille d’un éclat rouge orangé comparable au sien.

 

 

Il faut laisser l’aube grandir le mercredi 19 et le jeudi 20 février pour profiter de la Lune et des planètes dispersées dans le Sagittaire. Une heure avant le lever du Soleil, les étoiles de cette constellation s’effacent une à une, mais Jupiter brille encore superbement à près de 8° de hauteur au-dessus de l’horizon sud-est. Saturne luit plus faiblement à 10° sur sa gauche et à seulement 4° de l’horizon. Installé à droite de Jupiter le mercredi, le croissant lunaire s’affine pour se glisser entre les deux planètes le jeudi. La lumière cendrée donne un relief saisissant à cette boule sans vie qui embellit l’éclosion du jour. L’un des avantages de l’hiver pour les observateurs du ciel est la longueur de la nuit qui permet d’admirer cette rencontre vers 7 heures du matin, un horaire généralement compatible avec les rythmes professionnels et scolaires. Ouvrez une fenêtre bien orientée pour admirer cette belle conjonction ou, mieux, évadez-vous quelques minutes avant de partir travailler pour aller la contempler à l’extérieur en écoutant la rumeur croissante du monde qui s’éveille.

 

Connaissez-vous la constellation de la Baleine ? Il s’agit de l’une des plus grandes figures de la sphère céleste, la quatrième après l’Hydre femelle, la Vierge et la Grande Ourse, et elle joue un rôle dans le mythe grec qui réunit Persée et Andromède puisqu’il s’agit du monstre marin qui doit dévorer la belle jeune femme. Elle est dessinée avec des étoiles assez peu éclatantes et il faut donc à présent s’éloigner des ciels urbains dégradés par les lumières artificielles pour parvenir à les distinguer. La Baleine vient se coller au Verseau, aux Poissons, au Bélier et au Taureau, frôlant l’écliptique à moins de 0,2° à certains endroits, il est donc assez courant que les planètes ou la Lune la traversent. Si vous regardez le ciel au-dessus de l’horizon ouest du mardi 25 au jeudi 27 février, une heure et demie après le départ du Soleil, soit vers la fin du crépuscule, vous pourrez suivre la progression du jeune croissant lunaire qui s’élève vers Vénus. Le 25 et le 27, il brille dans les Poissons, mais le 26, il est dans la Baleine, figure dans laquelle il refera un bref saut le 28. Le jeudi 27 février, Vénus et l’arc lunaire sont à 6° d’écart et ce couple brille longtemps dans le ciel du soir puisqu’il se couche pratiquement quatre heures après le Soleil.

 

 

Le samedi 29 février, profitez de ce jour exceptionnel, ce cadeau que le calendrier grégorien nous offre tous les quatre ans, pour sortir une heure et demie avant le lever du Soleil. L’aube vient tout juste de commencer et, selon la noirceur et la pureté de votre ciel, de nombreuses constellations occupent encore la voûte céleste : le Lion descend vers l’Occident, la Grande Ourse vient de quitter la région zénithale et le Scorpion fait scintiller le phare rouge d’Antarès pour baliser le sud. En cette fin de nuit, l’astre le plus éclatant est la planète Jupiter qui attire les regards vers le sud-est. Saturne et Mars l’accompagnent à une dizaine de degrés à sa gauche et à sa droite. La nuit s’efface lentement, repoussant les dernières étoiles vers l’ouest, mais le trio planétaire reste visible un long moment dans un ciel de plus en plus clair et coloré.

 

 

Phases de la Lune en février
La Lune est au premier quartier le 2 dans le Bélier, pleine le 9 dans le Lion, à son dernier quartier le 15 dans la Balance et nouvelle le 23 dans le Verseau.

Consultez également la page des phases lunaires pour l’année 2020.

 

 

Le ciel de février
En février, Orion surplombe l’horizon sud peu après la fin du crépuscule. Cette grande figure céleste est entourée d’une véritable cour d’étoiles majeures et de constellations superbes. Il y a, bien sûr, l’éclat incandescent de Sirius du Grand Chien qui embrase les régions australes du bol nocturne. Elle scintille vivement dès que l’atmosphère est un peu agitée et semble alors changer de couleur en un clin d’œil, palpitant inlassablement du blanc au vert ou au violet. À l’opposé de Sirius par rapport à Orion, la lanterne orangée d’Aldébaran du Taureau nous indique la direction du petit amas stellaire des Pléiades. Quant à Capella, elle tutoie le zénith avec le pentagone du Cocher. Castor et Pollux des Gémeaux sont du côté de l’inhabituellement pâle Bételgeuse, tout comme Procyon du Petit Chien, qui semble bien isolée sur le bord d’une Voie lactée maigrichonne. Je vous renvoie à la table d’orientation disponible dans ce billet pour compléter ce panorama hivernal, auquel j’ajouterai tout de même la petite constellation du Lièvre. Arneb, son étoile principale, brille si discrètement au sud de Rigel qu’il est parfois délicat de la voir en milieu urbain. Du côté ouest du ciel nocturne, il est encore temps de profiter du grand carré de Pégase et de la constellation d’Andromède. Celle-ci abrite la galaxie du même nom à quelques degrés de Mirach : elle est visible à l’œil nu dans un bon ciel et ressemble à la petite touffe cotonneuse d’une linaigrette perdue dans l’immense lande céleste. À l’est, enfin, l’arrivée de Régulus du Lion fait la jonction avec le ciel printanier qui envahit progressivement la nuit ; l’alignement que vous pouvez faire avec les étoiles Megrez et Phecda de la Grande Ourse vous aidera à repérer Régulus sans ambiguïté. Cette année, Vénus est très brillante à l’ouest en début de nuit et Mars brille plus modestement au sud-est en fin de nuit.

Carte du ciel visible en février 2020 vers la fin du crépuscule à la latitude de la France métropolitaine. La position de Vénus par rapport aux étoiles du Poissons est précise pour le milieu du mois. Les cartes de ce billet peuvent être utilisées en Europe et dans le monde à l’intérieur d’une bande s’étendant de 38° à 52° de latitude nord. Si vous êtes à plus de 45° nord, l’étoile Polaire sera plus haute dans votre ciel et, le soir, les trois étoiles alignées au centre d’Orion seront d’autant plus proches de l’horizon sud. Si vous êtes à moins de 45° nord, l’étoile Polaire sera plus proche de l’horizon nord et les Trois Rois seront plus éloignées de l’horizon sud. Cliquez sur la carte pour l’afficher en grand et l’imprimer pour votre usage personnel.

Cette carte montre le ciel visible en février 2020 à l’orée de l’aube à la latitude de la France métropolitaine. Remarquez la petite bille orangée de la planète Mars au ras de l’horizon est-sud-est, à une vingtaine de degrés, soit votre main grande ouverte bras tendu, sur la gauche de la brillante étoile Antarès du Scorpion. Attention, les cartes de ce billet ne sont pas à l’envers ! Elles représentent simplement les astres qui sont situés au-dessus de nos têtes. Si vous vous allongiez avec la tête vers le nord et les pieds vers le sud, l’est serait bien à votre gauche et l’ouest à votre droite. Utilisez ces cartes en les imprimant et en les faisant tourner de telle sorte que le nom de la direction dans laquelle vous observez soit écrit à l’endroit. Les constellations et les étoiles que vous retrouverez dans la portion du ciel qui vous fait face sont toutes celles dont le nom est lisible sans trop pencher la tête. Les noms des constellations et de leurs principales étoiles sont indiqués, ainsi que le tracé des constellations les plus importantes ; ce tracé est parfois incomplet lorsque la figure est en partie cachée sous l’horizon. Le ciel est très vaste et les constellations qui semblent petites sur les cartes sont, en fait, très grandes : votre main ouverte et bras tendu cache ainsi à peine l’ensemble du Chariot de la Grande Ourse.

Les schémas et les textes de présentation des rendez-vous célestes annoncés dans ce billet sont adaptés de mon ouvrage annuel Le Ciel à l’œil nu, dont l’édition 2020 vous attend sur les tables des librairies. De superbes phénomènes astronomiques se produiront l’année prochaine, plusieurs rapprochements serrés entre les planètes Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne – avec notamment un somptueux passage de Jupiter à 0,1° seulement de Saturne ! –, Vénus qui traversera l’amas stellaire des Pléiades en avril et sera occultée par le croissant lunaire en juin, une remarquable opposition de Mars et les plus belles étoiles filantes d’août, de novembre et de décembre qui fuseront dans un ciel bien sombre. Pour ne manquer aucun de ces spectacles, utilisez mon Calendrier Astronomique 2020 et pour savoir comment les observer ou les photographier, lisez Le Ciel à l’œil nu.

 

Guillaume Cannat (pour être informé de la parution de chaque nouvel article, suivez-moi sur Twitter, sur Facebook ou sur Instagram)

 



01/02/2020
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