poussières d'étoiles

Et si le calendrier 2019 n’était pas respectueux des règles établies par l’Église ?

Y aurait-il eu une erreur de calcul pour déterminer la date de Pâques, et donc, par conséquent, du Carême, de l’Ascension, de la Pentecôte ?

Par deux fois depuis quelques jours, j’ai été interpellée pour expliquer la raison pour laquelle Pâques 2019 n’était pas fêté le 24 mars mais le 21 avril.

Ces 2 personnes se basaient sur la définition (fausse) du jour de Pâques, « Pâques est le premier dimanche qui suit la première pleine Lune de Printemps. »

Or en 2019, cette pleine lune de mars aura lieu quelques heures après l’équinoxe de printemps et tombera… le 21 mars ! La date officielle de Pâques aurait donc dû être fixée au 24 mars et non une lunaison plus tard soit le 21 avril.

Remontons 1700 ans dans le passé. Les Pères de l’Église, réunis pour le concile de Nicée en l’an 325, par l’empereur Constantin formulent ainsi la règle pour établir la date de la plus importante fête chrétienne : « Pâques a lieu le dimanche qui suit le 14eme jour de la Lune qui atteint cet âge le 21 mars ou immédiatement après. »

On commet donc une erreur en donnant une tournure plus courte (en omettant la fin de la phrase) à cette définition très ancienne.

Mais cette définition est trompeuse car elle laisse entendre que la date de Pâques est le résultat d'un calcul astronomique basé sur la détermination de l'équinoxe de printemps et de la première pleine Lune suivant cet équinoxe.

Or la règle ecclésiastique implique en effet certaines simplifications, la première étant celle qui fixe l’équinoxe de printemps au 21 mars.

En fait, un calcul plus rigoureux montre qu’à notre époque, l’équinoxe (astronomiquement)

se produit généralement le 20 mars, et peut même arriver le 19. (d’ailleurs, en l’an 325, l’équinoxe de printemps a eu lieu… le 20 mars ! Où les Pères de l’Église avaient-ils la tête ?)

Quand Pâques est célébré ?

Pâques est célébré en Mars ou en Avril. La date du calendrier dépend de l'approximation ecclésiastique de l'équinoxe vernal :

- Astronomiquement, l'équinoxe vernal se produit lorsque le soleil traverse l'équateur céleste, et la nuit et le jour sont de même longueur. Cela se passe entre le 19 mars et le 21 mars.

- Ecclésiastiquement, l'équinoxe est censé tomber le 21 mars ; Pâques est le premier dimanche après la première pleine lune suivant l'équinoxe vernal, et se produit donc entre les dates 22 mars et 25 avril.

Calculs pour déterminer la date de Pâques selon le calendrier perpétuel lunaire :

Le calcul de la pleine lune ecclésiastique n’est évidemment pas aussi élaboré que ce que permettent nos connaissances astronomiques d’aujourd’hui.

Ce calcul ecclésiastique de la date de Pâques se fait à l'aide d'un calendrier perpétuel lunaire utilisant une « Lune moyenne fictive » (Lune ecclésiastique), assez proches toutefois de ceux de la Lune réelle bien évidemment mais qui peut différer quand même de cette dernière d'un ou deux jours.

Cette phase de la Lune ecclésiastique à une certaine date est donnée par un nombre : l’âge de la Lune, c’est à dire le nombre de jours écoulés depuis la nouvelle lune. Ainsi, la pleine lune survient lorsque l’âge de la Lune est de 14 jours (d’où l’expression qu’on retrouve dans la règle) mais ce calcul néglige donc l’heure précise de la pleine lune, et le concept de fuseau horaire est absent.

L'Église ne tient donc pas compte du mouvement réel de la Lune en utilisant cette Lune fictive mais régulière pour son calcul de toutes les dates de fêtes religieuses mobiles ou comput (du latin computus "compte").

Cette méthode de calcul porte le nom de comput ecclésiastique.

On distingue deux computs ecclésiastiques :

• le comput julien en usage jusqu'en 1582 qui comporte deux éléments : la lettre dominicale et le nombre d'or. Parfois on donne également pour le comput julien une épacte (l'épacte julienne)* qui est directement liée au nombre d'or.

épacte : au Moyen Age, dans le comput julien, avant la réforme grégorienne du calcul de la date de Pâques, l'épacte était l'âge de la Lune au 22 mars .

• le comput grégorien en usage depuis 1583* qui corrige certaines imperfections du comput julien et qui comporte également deux éléments : la lettre dominicale et l'épacte. dans le comput grégorien, donc après la réforme grégorienne de 1582, l'épacte est l'âge de la Lune au 1er janvier diminué d'une unité.

• * En 1581 date du passage au calendrier grégorien), le 21 mars était décalé de onze jours après l’équinoxe et la date de Pâques. Le Pape Grégoire XIII a alors établi un calendrier afin de replacer la date de Pâques en fonction de l’équinoxe.

Dans ces computs, on rappelle que ce n'est pas la Lune vraie qui est utilisée mais la « Lune moyenne fictive » et donc par extension, on appelle Pâques juliennne la date de Pâques calculée à l'aide du comput julien et Pâques grégorienne la date de Pâques calculée à l'aide du comput grégorien.

L'intérêt de cette méthode de calcul est multiple :

- elle évite le problème d'avoir à fixer un lieu de référence sur la Terre pour l'observation de la pleine Lune réelle.

Par exemple, en 2019 la pleine Lune réelle tombe le 21 mars en Europe, en Afrique, en Australie et en Asie.

Mais à l'heure locale, elle tombe le 20 mars en Amérique. Selon la pleine Lune réelle (coïncidant là-bas avec la pleine Lune pascale ecclésiastique), les Américains fêteraient Pâques le 21 avril, alors que le reste du Monde la fêterait le 24 mars 2019.

- elle permet d'établir la date de Pâques plusieurs années et même quelques siècles à l'avance.

L'inconvénient étant bien sûr le potentiel décalage entre Lune réelle et Lune calculée (malgré la correction introduite par la réforme grégorienne de 1582), décalage encore plus prononcé chez les orthodoxes, utilisant le comput julien (non corrigé en 1582). De fait certaines années la fête de Pâque orthodoxe peut tomber plus près de la Nouvelle Lune réelle que de la pleine Lune réelle.

Mais en général, la date de Pâques établie selon la règle ecclésiastique coïncide avec celle déterminée par un calcul astronomique « exact », mais il y a quand même quelques exceptions, comme c’est le cas cette année.

La dernière fois, c’était en 1981, et la prochaine sera en 2038.

Au 21e siècle, les deux méthodes donnent des résultats discordants à dix reprises en tout : aux années 2019 (déjà mentionnée) et 2038, auxquelles il faut ajouter 2045, 2049, 2057, 2069, 2076, 2089, 2095 et 2096.

La super-Lune de Mars et l’équinoxe de printemps

L’équinoxe de printemps a annoncé l’arrivée des beaux jours le 20 mars dernier à 20H58 (TU). Ce jour-là, la durée du jour a été égale à celle de la nuit.

Cet équinoxe de printemps a concordé cette année avec une super-Lune puisqu’elle aura lieu quelques heures plus tard pendant la nuit du 21 mars plus précisément à 0h41 (TU).

Ce phénomène se déroule lorsque la Lune est particulièrement proche de la Terre : elle apparaît alors très grosse dans le ciel. C’est la dernière de l’année 2019, profitez-en !

Rappelons en terminant que le passage à l’heure avancée aura lieu tôt le matin du dimanche 31 mars. L’heure de sommeil perdue nous affecte parfois pendant plusieurs jours ; en revanche, on appréciera l’heure de clarté supplémentaire en fin de journée, un autre signe que le printemps est à nos portes !

Bonnes observations et bonnes fêtes pascales.

Pour en savoir plus (et si vous désirez vraiment vous triturez les méninges), voici le véritable calcul

Calendrier ecclésiastique : lettre dominicale et épacte

Dans votre vieux missel, vous n'aurez pas de mal à trouver la lettre dominicale et l'épacte de l'année, mais à moins d'avoir fait 5 ans de théologie, vous ne trouverez pas d'explication. Il ne convient pas que ces choses soient dites aux âmes simples.

La lettre dominicale LD permet de raccorder le calendrier annuel aux jours de la semaine. Le 1 janvier porte la lettre A, le 2 janvier la lettre B, etc, et la lettre dominicale est celle qui correspond au premier dimanche rencontré. Pour 2010, ce sera C : l'année commencera donc un vendredi. Et parce que 365= 7*52+1, l'année suivante sera B, et ainsi de suite, en ordre alphabétique inverse. L'année après A est G. On calcule avec L= 1 si LD=A, etc.

Mais lorsqu'il y a une année bissextile, le 29 février redécale d'un jour. Si l'année est A est bissextile, on la notera AG : A pour les 2 premiers mois, G pour le reste de l'année.

Dans le calendrier julien, le cycle est de 28 (=4*7), mais dans le calendrier grégorien, on supprime trois années bissextiles tous les 400 ans, ça complique le calcul, mais le Vatican s'en occupe : notez la LD et ne réfléchissez pas plus.

L'épacte E donne la correspondance entre la lune et le calendrier : l'épacte est l'âge de la lune au 31 décembre précédent! C'est tout bête, mais que ne le dit-on! Si la nouvelle lune est le 1er janvier, l'épacte est de 30. Si l'épacte est E, la nouvelle lune de janvier aura lieu le n janvier, tel que n=31-E. Et ce sera aussi la date de la nouvelle lune de mars, puisqu'il y a 59 jours (2 lunaisons) entre les dates correspondantes de mars et janvier.

Ce n'est pas très exact tout ça, mais ça suffit pour calculer la date de Pâques. Les "lunes ecclésiastiques" ne sont pas les lunes astronomiques! Le Vatican nous ment, mais c'est pour la bonne cause.... Quand je pense que SS Benoit XVI avait fait un discours que j'avais apprécié, pour une fois, sur la réconciliation entre la science et la religion. Mais le pape, c'est comme le métro, des fois j'attends le suivant.

Alors voila la formule secrète : la date de Pâques est donné par la formule p = 45-E+[E+L+1] mod(7), compté à partir du 1 mars. Si p < 32 c'est en mars, sinon en avril, le p-31.

Ceci dit, il y a d'autres règles : remplacez E par E' si :

E'=E-30 si E>23

E'=-5 si E = 24 et L=4

E'=-4 si E=XXV et L=3

E=XXV ? Ben oui, il y a encore des secrets que le Vatican garde précieusement...

Alors, content, heureux ?

Si les services ecclésiastiques calculent avec une date d’équinoxe du 21 ou 22 mars, cela ne me pose aucun problème (même si je sais que la date astronomique n’est pas respectée) et les fêtes de Pâques auront lieu le 21 avril au lieu du 24 mars.

Comme de nombreuses fêtes chrétiennes, elle est devenue une fête civile fêtée par de nombreux enfants.

Pour les chrétiens, la date de Pâques est la date de la fête religieuse la plus importante du calendrier alors que pour les autres, elle est la fête du printemps et du renouveau.

Car, que l’on soit chrétien ou non, la date de Pâques est importante puisque le week-end de Pâques est férié pendant 3 jours (ou 4 en Catalogne Nord) !

Et prions que toujours le Ciel nous illumine.