André Brahic : adieu l'ami
André Brahic (astropysicien décédé dimanche 15 dernier) avait malicieusement suggéré que l'une des conditions pour être candidat à la présidence de la République soit «d'être au moins titulaire d'une thèse».
La boutade n'était peut-être pas si drôle…
En effet, dans son communiqué d'hommage de 10 lignes : l'Élysée publiait 3 bourdes : «Astrophysicien spécialiste de planétologie, il a découvert les anneaux de Saturne qu'il a nommé Liberté, Egalité, Fraternité», écrivait l'Élysée à 19h30 en substance :
la première était une confusion entre les planètes Neptune et Saturne :
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Il faut le faire !!!!!.. Première boulette : l'Élysée s'est tout simplement... trompé de planète!
Pour Saturne, il avait été juste précédé de quelques siècles par Galilée, qui en 1610 avait observé des «taches», «deux serviteurs aidant le vieux et lent Saturne à faire son chemin», information confirmée par Christiaan Huygens en 1655.
Ce sont les anneaux de Neptune que Brahic (et son équipe) avait vu en 1984 dans un programme d'observation d'occultation d'étoiles.
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Seconde erreur : en ce qui concerne les anneaux de Neptune, ce ne sont pas des anneaux mais des arcs. En effet, l'équipe André Brahic balayait une théorie formulée par Johannes Kepler au XVIIe siècle selon laquelle un arc de matière ne pouvait pas exister, celles-ci s'agrégeant nécessairement en anneau. Bon, laissons là cette précision à ceux qui savent vraiment en faire la différence.
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Troisième erreur : les noms. André Brahic les auraient «appelés Liberté, Égalité, Fraternité». En réalité, les arcs composant le dernier arc de Neptune ont été baptisés ainsi simplement pour célébrer le bicentenaire de la Révolution française. Le quatrième arc sera ensuite nommé «Courage» par une étudiante d'André Brahic, Cécile Ferrari.
«Si je me présentais» à la présidence de la République, mon programme reposerait sur trois priorités: la culture, la recherche et l'éducation», plaidait régulièrement l'astrophysicien André Brahic, regrettant que les scientifiques soient si peu présents dans les allées du pouvoir. On ne peut vraiment que le regretter.
"André Brahic savait rendre simples les mystères du ciel", déclare ensuite le communiqué
"La France perd un scientifique prodigieux et joyeux dont le seul projet était de faire partager sa passion au plus grand nombre", "un merveilleux pédagogue dont les livres et les interventions nous ont fait voyager dans l'espace",
Je ne peux qu'ajouter que ce vulgarisateur de talent n’égaiera plus les conférences et animations avec son langage imagé et percutant. C’était, parait-il un joyeux compagnon et je suis sûr qu’il n’aimerait pas que l’on soit triste, c’était aussi un optimiste, en effet il croyait à la culture et au système éducatif français, et il faut donc une sacré dose d’optimisme pour cela !
J’ai assisté à bon nombre de ses conférences sur internet et il savait donner la joie à son public, on en sortait content d’avoir appris quelque chose, de s’être cultivé. Il m'a fait aimer le Ciel, l'Univers, les Etoiles.
C'est avec lui que j'ai compris il y a plusieurs décennies «les trous noirs». Sujet pas très évident à comprendre.
C'était un conteur extraordinaire qui expliquait en toute simplicité les merveilles de l'Univers.
Adieu l'ami.
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